Journal d'une nouvelle ex-fan...

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K-Zlovetch's avatar
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Dieu que je déteste ce mot. "Fan".
Tout de suite, il sonne comme une groupie qui embrasse des posters de son acteur fétiche en espérant se marier avec, se déguisant comme ses héros pour fuir sa vraie vie et n'ayant plus assez de place pour changer d'univers un seul instant.
Donc ici, je vais l'employer à mon sens qui serait celui-ci : "Personne qui a été très influencée par quelque chose assez riche pour lui permettre de se construire avec, de s'identifier fortement sans pour autant délaisser son univers propre. Aimer quelque chose si fort que l'on ne pourra jamais l'oublier, que l'évocation simple donne le sourire, des sentiments positifs."
Ou du moins une définition du genre... vous voyez ce que je veux dire ?

Je voulais écrire ce journal en anglais au début, puis même bilingue... et je me suis dit : "A quoi bon ?". C'est vrai que ça ne sera qu'un déversement de pensées en vrac comme un autre, que je saurais sans doute pas quoi répondre à d’éventuels commentaires parce que tout cela est personnel en fait, mais ça devait sortir, alors je vais l'écrire là.
Qui n'a pas de temps à perdre à lire des blablas d'une inconnue passe son chemin pour aller dessiner plus, HOP !


Tout ça pour dire qu'il ne faut pas se le cacher, je suis totalement "fan" d'Harry Potter et tout ce qui s'y rattache, le "Wizarding World", et ce depuis ma plus tendre jeunesse.
C'est bête à dire, mais j'ai (re)réalisé en quelques jours combien et pourquoi cette licence était importante pour moi, plus que les autres. Beaucoup plus oui.
Parce que oui, j'aime énormément de choses dans la vie, n'aimer QU'UNE licence, qu'un univers, qu'une aventure serait absolument stupide et creux, dépourvu de sens, sans compter que je pourrais parler en long et en large de touuuus les défauts énormes de Harry Potter selon moi ; de pourquoi le tome 8 (la pièce de théâtre) est une bêtise digne d'une fanfic, de pourquoi le troisième film est bourrés de défauts, de pourquoi le quatrième est la plus mauvaise adaptation cinématographique de la saga alors que le livre dont il est tiré est mon préféré et le plus important de l’œuvre, de pourquoi JKR est maladroite en politique, des incohérences nombreuses et cie...
Aimer ne veut pas dire être incapable de critiquer, au contraire, c'est parce que j'aime que je peux dire ce que je n'aime pas.

Blabla... pourquoi je raconte tout ça sinon ?

Je sais pas... Je me suis refait les 8 films à la suite, ravivée par le visionnage du très bon "Fantastic Beasts" ("Les Animaux Fantastiques" en VF, à noter que le réalisateur est le même que pour les quatre derniers films HP et que JKR était au scénario et à noter aussi qu'en sortant du ciné, j'avais la sensation mitigée d'avoir vu le projet de ma vie déjà adapté → JKR plagiarizes OEtherium) et la lecture de la (mauvaise mais nanardesquement drôle) pièce de théâtre de "l'Enfant Maudit", et... j'ai.... compris des choses nouvelles sur cet univers, mon univers et moi-même, tout en revisitant l’œuvre exactement pareillement que... il y a maintenant dix-sept ans.
DIX-SEPT ANS, BORDEL... !!! On se fait vite des cheveux blancs.
J'ai lu le premier bouquin quand j'avais 11 ans, comme la plupart des gosses de ma génération, j'ai grandi en même temps que les acteurs, comme la plupart des gosses de ma génération. C'était ce qu'on appelle communément, un truc de FOU. Et je ne regrette pas du tout.

En fait... j'ai vraiment adoré revoir ces films à la suite, prenant conscience pour la première fois que, en globalité... hé ben c'était quand même du très très bon taf d'une profondeur sous-estimée en plus d'être un cas assez exceptionnel du cinéma (de par l'ampleur, l'équipe, les moyens, l'étalement dans le temps...). J'aime cet univers de la même façon que je l'ai aimé les premières fois, quand j'étais gamine. Ça me faisait rêver, le trio de jeunes sorciers étaient mes amis intimes, la grande salle de Poudlard et le Chemin de Traverse des lieux à visiter absolument, certains passages une source inépuisable d'inspiration artistique... Et caetera.

Mais je sais pas... ça m'a fait sombrer dans une très très profonde... nostalgie/mélancolie aussi...

Why ? Parce que aussi triste que ça puisse paraître, Harry Potter et cie, ça m'a sauvé la vie... C'est et de loin, mon meilleur souvenir d'enfance et d'adolescence, mon meilleur souvenir jusqu'à ces quelques dernières années. J'y suis émotionnellement très attachée parce qu'en plus de m'y retrouver, sans ça, je sais pas ce qui aurait pu me faire tenir durant certaines années. C'était la raison de continuer à rester sage. "Je ne vais pas m'enfuir, ni me frapper la tête contre un mur et pas me suicider parce que j'attends le prochain livre/film dans un an".
Tragique en fait... J'ai (enfin) réalisé, avec plus de 15 ans de retard, qu'en fait, les Dursley n'étaient vraiment pas exagérés car la réalité est parfois bien plus étonnamment cruelle que la fiction qui semble caricaturale. Sortez les violons. J'ai vécu avec des gens cent fois pire qu'eux.
Si Harry était un personnage qui me parlait, c'est parce que j'avais vécu au moins ses débuts, le placard et quelques autres détails en moins, d'autres en plus... Mes parents ne sont pas morts. En tout cas pas physiquement, mais d'un point de vue relationnel, si. Cela va faire 3 ans que je ne parle plus à ma mère, que tout le monde de mon sang me hait ou me renie, sauf mon père. J'ai encore un père donc. C'est déjà une chance. Harry Potter est bourré de figures de substituts de papa : Sirius, Dumbledore et j'en passe... je les adorais parce que j'y retrouvais mon père, mon père idéalisé, celui d'avant sa dépression et ses pires amoures toxiques que je détestais et déteste toujours. BREF. COUPEZ ! On ne va pas en faire cinquante pavés.

Et puis, j'ai aussi eu soudainement la sensation de n'avoir rien inventé, de n'avoir rien d'original, d'avoir tout pompé.
J'avais, depuis les études supérieures et l’apaisement de la "Pottermania", sous-estimé l'influence que cette œuvre générale et globale avait eue sur moi, ma façon de voir les choses et de les aimer aussi. Toutefois j'ai eu comme un choc en revoyant certaines idées. Est-ce que tout ce que je fais... est sous-empreint de HP finalement ? Est-ce que ce dont je suis fière n'est pas que réminiscences dont je me censure la source... ?
Hé bien... un peu. Beaucoup ? J'en ai a peine dormi ces deux dernières nuits, renversant sans cesse la balance de qui est né de quoi, un peu comme l'insolvable problème de la poule et l'oeuf. Pour le moment j'en suis à la conclusion que j'ai retravaillé en très grande profondeur ce qui ne me plaisait pas, pour ne garder qu'un fond dont l'origine n'est pas à cacher, cela-dit... j'ai l'espoir d'y avoir apporté assez pour que je puisse dire que MON univers est le mien maintenant. J'sais pas...

Et puis, toujours des "et puis", en regardant des témoignages de JKR elle-même, j'ai compris et re-compris encore plus de choses... comme le fait que si j'avais détesté la fin de Harry Potter (et moins aimé le ton en général passé le tome 4) maintenant, je n'en suis plus si certaine que ça. Il faut d'ailleurs me pencher de nouveau sur la re-lecture des bouquins maintenant que je vais avoir dix ans de plus de maturité et de cogitage intense de neurones boiteux. Ce qui m'avait déplu n'était-il pas que son œuvre devenait la mienne et que ce n'était pas ce que j'avais prévu moi pour l'achever ? Une œuvre c'est personnel... cathartique, à moi donc d'écrire mon oeuvre avec la fin que je désire, ignorant les jugements et alors sans juger forcément l'histoire achevée des autres quand elle a pu les soigner.
C'est positif qu'une personne comme cette auteur puisse réussir ! Elle fut une personne blessée et nourrissant son univers de ses plus sombres instants parmi tant d'autres que c'est injuste pour qui ne percera jamais en le méritant tout autant... Néanmoins, tout ce qu'elle a laissé est positif, et je suis ravie que ce livre soit autant lu, je crois que ça a sauvé d'autres gens à plusieurs échelles et de plusieurs façons...
Cependant j'ai réalisé aussi de nouveau que les plus grands artistes étaient forcément les gens qui souffraient, qui ne cessaient jamais de s'indigner, qui savaient rêver même une fois adultes. JKR est une artiste alors, avec des défauts en masse, oui, populaire, certes, mais parce que c'est populaire, moins "noble", est-ce que c'est moins important et profond ? Je ne pense pas, au contraire...

Ce qui reste le plus déprimant c'est que même l'exemple quasi miraculeux de la réussite de cette femme ne serve toujours pas de leçon(s) à beaucoup, laissant du génie potentiel enfermé dans la misère la plus noire... sans qu'on s'y penche, sans que personne n'ose croire à un autre "miracle". Comme si les miracles, ça devaient forcément être rares, et surtout pas ordinaires. C'est de cette façon que l'on oublie même le sens de l'amour, de l'amitié, des valeurs humaines.
On oublie trop souvent de donner une chance et de comprendre les gens.

M'enfin, je m'égare sans m'égarer.
Je n'ai jamais été très douée pour construire une réflexion, et encore moins au fil de la plume de la sorte, mais au moins ça ne tourne plus dans mon cerveau. On va dire que c'est un brouillon, un petit brouillon que j'irais sans doute modifier à loisir quand ça me chantera, un petit hommage coincé dans le fond du oueb rédigé par une groupie modérée. Très modérée même, parce que tout ça dégouline mais, hé, je n'irais quand même jamais dormir devant une librairie avec des lunettes rondes et un éclair dessiné pour attendre un bouquin dont le tirage n'est pas limité, 'faut pas déconner.
© 2017 - 2024 K-Zlovetch
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Plagey's avatar
J'ai mis un peu de temps à commenter et j'en suis désolée aaaah.
Pour ce qui est des fans, l'interprétation dépendra toujours des gens... Le soucis des mots, une fois de plus, personne n'en aura la même image. Pour moi un fan ça peut aller de la simple personne qui a lu les bouquins au fangirlisme extrême de la personne qui a tous les fucking goodies de la saga. De même pour groupie, y a le sens groupie "muse" genre Pamela Des Barres et le sens "fan hystérique qui hurle devant des chaussettes à l'effigie de son idole". Enfin, JE VAIS PAS M'ETALER SEURRY JE DERIIVE :D

Ça reste organisé quand même comme réflexion, et je pense que tu as bien fait, surtout si le fait de ressasser ça sans arrêt t'empêchait de dormir.

Je trouve ça quand même génial, que l'univers de Rowling ait pu t'aider à ce point dans les moments les plus difficiles. Je pense qu'il n'y a aucune honte à avoir quant au fait d'aimer Harry Potter, et d'avoir été inspirée par cela. Je trouve ça même assez touchant, que le livre t'ait touchée à ce point pour que tu aies envie de le remanier, quand la fin t'a déplue.

Peut être que tu t'es basée sur ça à l'origine, mais si c'était le cas ça n'est plus du tout visible aujourd'hui alors. Enfin, quand j'ai découvert ton travail j'aurais jamais fait le rapprochement entre Viktor et HP. Au final, j'ai découvert que tu l'avais basé sur le Krum du roman en fouillant dans les tréfonds de ta galerie, mais sinon ça me serait pas vraiment venu à l'esprit. Après oui quand on se concentre on peut peut être trouver des petites similitudes, mais ça ce sera le cas partout... De nos jours on peut plus écrire la moindre histoire sans qu'il n'y ait de similitude avec autre chose, que ce soit volontaire ou non, inspiré ou pas.
Je pense quand même que l'OE est bien assez distinct de l'univers de JKR, y a pas à s'en faire pour ça ! :)