OE - L'OEtherium - 35

ENG : Fiouf... Viktor was saved... No wand nor gun anymore... Did this universe want to disarm our heroes ? But they would have all the time to think about it later because a staircase already appeared in the ground to bring them towards the depths of this unstable land...

***

    À bout de forces, ils s'effondrèrent sur le sol et reprirent péniblement leur souffle dans un étrange concert d'haleines désaccordées. Dans le noir complet, il était difficile de savoir si tout le monde allait "bien", mais les vocalises de chacun et l’absence d'odeur ferreuse permettait de se réconforter pour l'instant. Et l'instant était précieux. Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il s'était passé... ?
    D'une petite voix rauque, le seul humain du lot raconta brièvement alors, incertain de sa propre version : il s'était fait happer par le désespoir profond et ses tenailles glacées l'avaient tiré jusque vers le centre de son propre néant. Au moins, à l'écouter, on se sentait soulagé sur un point : Viktor semblait avoir retrouvé son aplomb et son esprit...

- C'est pas vrrrai... où est ma baguette ? annonça-t-il dans un bruissement de tissu indiquant qu'il se retournait.
- Ne me dis pas que tu l'as égarée ! déplora Nathaniel.

    Sur un murmure, de minuscules flammes bleues apparurent dans la main ouverte du sorcier, éclairant son visage creusé alors qu'il s'agenouillait pour inspecter le sol. Aucune trace du bout de bois magique...

- Voilà qui est fâcheux..., conclut-il. Plus de pistolet, plus de baguette. Si je ne me trrrompe pas, on est en trrrain de nous désarrrmer...
- Plus de pi-... Nath' ! Tu as le mien sur toi, hein ?
- Non, je l'ai perdu lors de ma chute ici...
- Quoi !?
- Je n'y pouvais rien ! tenta-t-il de se défendre, une main sur la poitrine en signe d'indignation. Il est sûrement tombé dans l'eau noire... Je n'ai pas réussi à le retrouver...

    Contenant sa contrariété, la chasseresse furieuse serra les poings et les dents sous quelques oeillades obliques. Son 1911 avait toujours été à ses côtés et lui avait permis de se sortir du pétrin plus d'une fois. Quelle idée de le confier à quelqu'un d'autre...
    Après un court silence, elle préféra inviter ses amis à reprendre la marche.

- Je... Je sais que tu y tenais. Mais il te rrreste le petit poignarrrd. Ça peut dépanner...
- Non... dit-elle, sortant le couteau de sa ceinture pour faire jouer sur sa lame le reflet des flammes d'azur. Reprends-le, il t'appartient, et sans baguette, tu es plus vulnérable.
- Je sais que j'ai l'airrr d'un imbécile, sensible et chétif à tes yeux. Mais je sais me défendrrre...! répondit Viktor dans un rictus, presque vexé.
- Je n'ai pas dit ça. Je suis rompue au corps à corps, pas toi.
- Tu le penses, rétorqua-t-il tout en haussant les épaules. Tu ne sais rrrien de moi. Je ne suis pas "rrrompu" comme toi, mais je sais faire des choses, même sans magie.

    Il détourna le regard et continua sa marche dans le tunnel obscur. Néanmoins et ce après quelques pas seulement, le garçon hésita et soupira, expliquant aux deux autres qu'ils tournaient vraisemblablement en rond.
    Au même moment, sous leurs pieds, le sol se mit à vibrer puis à onduler légèrement. Le Gardien s'accrocha vivement à Helly qui se trouvait juste devant lui.

- Tu as senti !? Le sol... remue ! Rhaaaa, j'ai le mal de terre... Je hais ça...
- Je crois qu'il se moque de nous... comme l'eau pour moi tout à l'heure, elle s'était transformée en une cascade de sang. Ce sont des hallucinations, à ce qu'il paraît...

    Il y eut un silence lourd de sens, mais la Félis laissa couler. Tout comme la terre qui se liquéfiait progressivement. Était-ce une hallucination collective ? Pour toute réponse le sol fondit, se convulsant comme s'il était vivant, laissant le relais à un puissant souffle qui traversa le tunnel, balayant le liquide en une nuée de poussières cendreuses.
    Devant eux se trouvait à présent un escalier parfaitement taillé, s'enfonçant directement dans les entrailles du monde des éthers. L'ange cligna des yeux. Deux fois.

- En fait, je suis en train de rêver. Tout ça n'est qu'un rêve stupide et je vais me réveiller...
- Si c'est un rêve, change de chaîne et trouve-nous un scénario moins... tordu, suggéra la demoiselle.
- Je suppose que descendrrre est la seule option qui nous rrreste... Ceci-dit, je ne suis pas cerrrtain que ce que nous allons trrrouver en bas va nous plairrre.

    Le slave avança son pied sur la première marche en serrant les dents, conscient que l'on devait s'attendre à n'importe quoi en ces lieux maudits. Pourtant ladite marche resta parfaitement docile : en effet, tout ceci sonnait comme une invitation, et comme pour se rendre plus attrayant, moins effrayant, l'escalier alluma une suite de torches en laiton fixées à ses parois, dévoilant sa structure en large colimaçon.
    Perplexe mais économe en énergie, Viktor souffla doucement sur les étincelles azuréennes qui jusqu'ici dansaient dans sa paume.